Sherlock Holmes à fond la caisse !

holmes-350x231.jpg
« Sherlock Holmes » version Guy Ritchie c’est un peu comme si Baz Luhrman se mettait en tête d’adapter « Columbo ». Ça décoiffe ! Exit l’homme à la pipe au coin du feu, résolvant les énigmes en buvant du thé. Si Robert Downey tire sur sa pipe deux ou trois fois dans le film, c’est juste pour mémoire. Le nouveau Sherlock Holmes, aussi fin et perspicace qu’on l’a toujours vu, est aussi très athlétique, n’a pas peur d’aller au combat, pour le fun ou pour le boulot, et vit rongé par ses démons, sombrant dans les excès de boisson et se laissant aller par moments à s’enfermer chez lui pendant plusieurs jours d’affilée, dans une hygiène très approximative. Après avoir vu le film -deux fois déjà- je ne peux imaginer meilleur interprète de ce Sherlock là que Robert Downey Jr. Revenu mille fois de ses propres démons, l’acteur a prouvé tout au long de sa carrière qu’il n’était jamais aussi bon que quand il puisait dans son propre passé pour interpréter ses personnages. Journaliste alcoolique dans « Zodiac », bête de foire émouvante dans « Fur », milliardaire de tous les excès -devenu soudainement très humain- dans « Iron Man », pour ne citer que quelques uns de ses derniers rôles, RDJ ne joue jamais dans un registre banal. Dans Sherlock Holmes, il trimballe une nouvelle fois, il porte même fièrement en bandoulière, son passé tumultueux et son humour décapant. Deux ingrédients qui conviennent parfaitement au scénario jouissif et à la réalisation inspirée du film de Guy Ritchie. On ne s’ennuie pas une seconde, de la fabuleuse scène d’ouverture jusqu’au Cliffhanger final. En passant par les combats, les explosions, la complicité des deux compères, les « je t’aime, moi non plus » de Sherlock et de la dangereuse Irene. Tous les ingrédients pour faire un bon film sont là. Y compris une b.o. parfaite qui mérite largement sa nomination aux Oscars. Mais l’essentiel, c’est probablement l’alchimie entre RDJ et Jude Law. La mayonnaise prend, elle prend très bien même. Robert Downey Jr. ne fait jamais dans la sobriété mais il ne vole pas la vedette aux autres acteurs non plus. Ici, il laisse à Jude la place qui lui appartient. Et, même si à mes yeux l’américain crève bien plus l’écran que le joli garçon « so british » que j’adore par ailleurs, l’équilibre entre tous les personnages est parfait. Parlons-en de « l’américain ». Ce n’est pas la 1ère fois qu’il doit prendre l’accent anglais. Chaplin, Richard III, il est un habitué de cet accent et il s’en sort plutôt bien, pour autant que je puisse en juger. En revanche, lorsqu’il doit dire quelques mots en français c’est une autre paire de manches. Son oreille musicale, pourtant plutôt développée, lui fait défaut quand il s’agit de s’exprimer dans notre langue. C’est à peine compréhensible, à part un « je ne sais pas » qui fait bien rire (mais il faut être dans le contexte du film bien entendu). A sa décharge, l’acteur géant interprétant face à lui un personnage « francophone (français? québécois? belge?) » est encore plus incompréhensible. Même en ayant vu le film deux fois je n’ai toujours pas compris ce qu’il dit! En revanche, j’ai savouré les dialogues (en anglais parce que les sous-titres, même s’ils sont plutôt réussi, ne rendent pas justice au texte d’origine). Un vrai régal donc, les répliques. J’aimerais pouvoir les retenir toutes tellement elles sont drôles, pétillantes, cinglantes. Comme à son habitude, RDJ parle vite, très vite, parfois trop vite. Il faut tendre l’oreille pour ne rien rater. « Data, data, data, I cannot build bricks without clay » martèle Sherlock quand il réclame plus d’informations pour bâtir son enquête. Le tout débité à toute vitesse dans un presque murmure. C’est drôle, c’est percutant… et impossible à faire partager par écrit… you had to be there! Ce que je retiendrai du film, c’est que ça va à toute allure : les combats qui déménagent, les joutes verbales qui fusent, les analyses que Sherlock révèle à toute allure, tout va très vite, même lorsque Guy Ritchie nous passe des scènes au ralenti. Tout va « à fond la caisse », il ne faut pas éternuer, ni cligner des yeux, ni même manger du pop corn, au risque de rater une réplique particulièrement savoureuse, voire une explication primordiale dans la résolution des énigmes successives. La photo est particulièrement soignée et la reconstitution du Londres de la fin du 19ème siècle colle parfaitement à l’idée qu’on peut s’en faire. La construction du « Tower Bridge » fait plus vraie que nature… Esthétique toujours, les abdos de Robert Downey sont fort bien valorisés dans sa scène de boxe. L’acteur, adepte des arts martiaux, qui a beaucoup travaillé sa forme physique ces dernières années, avoue avoir perdu du poids avec (pour?) ce rôle. Tout en muscles, il porte avec fierté ses 45 ans et justifie pleinement d’être devenu un acteur « bankable » dans des films d’action. Hilarante, la mini scène où il est menotté à un lit, en tenue d’Adam, avec pour seul accessoire un coussin, ne cache ainsi pas grand-chose de son anatomie, pour le plus grand bonheur de ses fans! Bravo à Guy Ritchie d’avoir à ce point dépoussiéré l’image de Sherlock Holmes. Et vivement la suite…


Isa, février 2010

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :